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Cannes, l'intégrale Posté le 27.02.2012

Le week-end du 17 au 19 février, quatre animateurs de Ch'piiL (Gaà«l, Manu, Vincent et Solenne) se sont rendus au Festival International des Jeux de Cannes, désireux de découvrir (enfin !) ce salon, de s'essayer à  quelques nouveautés et de faire de menues emplettes. Ils y ont testé pas moins de 23 jeux à  eux quatre, au détour des allées du salon et dans le cadre du festival off. Voici le récit de leurs aventures.

 

 

Jeudi 16 février


Arrivés en fin de journée, nos quatre larrons ont juste pris le temps de se remplir la panse avant de partir pour la Rotonde, o๠se tenait déjà  un embryon de festival off. Ils y ont trouvé un petit nombre de joueurs réunis autour de quelques prototypes. L'Asmodée Crew recrutait pour faire tester Masters of Commerce, un jeu d'enchères et d'ambiance. Manu s'est laissé tenter, malheureusement à  ses dépens. Plutôt ennuyeux, ledit jeu n'a pas tenu ses faibles promesses.
Tandis qu'elle enchérissait à  grands cris, Gaà«l et Solenne, dont l'Å“il helléniste avait été attiré par une boîte arborant le titre Spartacus : Gladiators, faisaient cavaliers seuls. Leur partie de ce jeu de confrontation, qui ressemble à  des échecs pimentés par une once de hasard, ne les a pas convaincus. C'était sans compter l'intervention de l'auteur, qui a invité Gaà«l à  jouer contre lui pour mieux entrer dans les subtilités de son Spartacus : une démarche intelligente, qui a permis à  notre gladiateur en herbe de dépasser sa première impression et de repartir plus enthousiaste.
Pendant ce temps, ses trois compères testaient d'autres prototypes du même auteur : Incamino, un jeu de placement de tuiles o๠il faut être le premier à  avoir tout posé en respectant certaines contraintes ; Wilby, un jeu qui consiste à  placer ses billes dans des cercles colorés tout en empêchant ses adversaires de poser les leurs ; et enfin, Le shaker, o๠il faut réaliser le plus vite possible une combinaison de six jetons arborant chacun un animal, un chiffre et une couleur, chaque élément ne pouvant être présent qu'une seule fois dans la série. Après quoi, devant l'heure déjà  tardive, nos quatre larrons ont juste pris le temps de se faire expliquer Picomino, un jeu de rapidité et de mémoire pour enfants (toujours du même auteur), avant d'aller recharger leurs batteries à  l'hôtel en vue du lendemain. Une bonne nuit de sommeil s'imposait !

 

 

Vendredi 17 février

 

Peu après l'ouverture du salon, nos héros étaient déjà  en piste. Après avoir affronté le contrôle de sécurité de l'entrée, qui ferait pâlir d'envie l'aéroport de Miami, et franchi la barrière d'exposants distribuant des publicités pour des jeux, des sites ludiques et autres, nos animateurs se sont lancés dans l'exploration des allées, prêts à  s'arrêter à  la moindre table attirante.

Amusés par le titre d'un petit jeu de cartes en démonstration sur le stand d'Oya, ils ont décidé d'y faire leur première escale. Pas de bras... (vous devinez la suite), jeu de défausse riche en coups tordus, les a amenés à  se détester copieusement autour de cartes pourtant bien alléchantes. Malheureusement, les négociations censées pimenter le jeu n'ont pas véritablement été exploitées. Après cette petite gourmandise, une animatrice dont nous tairons le nom a persuadé ses compères de jouer à  « ce-petit-jeu-coloré-là -bas-avec-le-bateau », qui « a[vait] l'air sympa ». A la lecture du titre (Vite, petits poissons) et à  la vue du matériel, il s'est bien vite avéré qu'il s'agissait d'un jeu pour enfants, certes mignon, mais aussi riche en choix et en possibilités d'établir une stratégie que Le verger (pardon aux amoureux de ce grand classique). L'animatrice coupable est repartie la tête basse, animée d'un fort sentiment de culpabilité et résolue de ne plus laisser parler son instinct maternel.

Quelques stands plus loin, un exposant esseulé et fort sympathique a su attirer nos héros et leur faire héberger des « flouks », de mignons petit extraterrestres pas si sympathiques que cela. Flouk !, du nom des bestioles en question, est un jeu dans lequel il faut réaliser la plus grande collection d'extraterrestres aux dépens de ses adversaires, sur la base de quelques mécanismes qui rappellent un peu ceux d'Animalia et de Fantasy. Amusant et rapide, il a trouvé sa place dans la valise de Manu et Gaà«l.
Après ces quelques petits jeux, nos animateurs avaient envie de tester quelque chose d'un peu plus exigeant. Ayant beaucoup entendu parler d'Hawaii depuis l'ouverture du salon, ils se sont dirigés vers le stand de Filosophia. Comme l'île était déjà  prise d'assaut, ils ont décidé de patienter devant Mondo, auquel Spielbox avait consacré un article quelques mois plus tôt. Ce jeu, sorte de contre-la-montre dans lequel il faut puiser des tuiles dans une réserve commune pour remplir son plateau individuel (tout en respectant plusieurs contraintes et, au fil des manches, en essayant de remplir de plus en plus d'objectifs), les a certes amenés à  se triturer les méninges, mais ne leur a pas donné une folle envie de recommencer.
Hawaii, jeu de gestion de difficulté moyenne (sur lequel ils ont sauté dès qu'une table s'est libérée), les a convaincus davantage. Celui-ci consiste à  développer des villages à  l'aide de différents éléments achetés sur l'île, en ménageant ses ressources (des pieds qui permettent de se déplacer, des coquillages qui permettent de payer ses achats et des fruits qui servent de jokers). En plus de cela, il faut savoir contenter les dieux, qui exigent une offrande de plus en plus importante à  chaque tour (alors que les ressources disponibles, elles, ne cessent de diminuer). Malheureusement, le hasard peut fortement (dés)avantager certains joueurs et quelques stratégies semblent bien plus payantes que d'autres (bien qu'il soit difficile de l'affirmer avec certitude sur la base d'une seule partie). Ce jeu a donc laissé un arrière-goà»t de frustration dans la bouche de nos joueurs, qui n'avaient d'ailleurs rien mangé depuis bien longtemps : il était déjà  14h30 !
Après une petite sortie et un casse-croà»te sous le soleil cannois (pour savoir o๠déguster de très bons sandwichs chauds : contact@chpiil.ch), ainsi qu'un détour par l'Office du tourisme (ces dames ayant des envies d'exploration pour le lendemain), nos quatre larrons ont remis ça. Leurs pas les ont amenés sur le stand de Bombyx, o๠ils ont pu tester la star du salon, Takenoko, As d'or 2012. Si le thème est amusant (il faut aménager une bambouseraie pour que le panda offert par l'empereur s'y sente bien, et nourrir la bête), trop de réflexion nuit au plaisir des joueurs : on finit vite par s'ennuyer en attendant son tour. Malgré des atouts incontestables (règles faciles à  expliquer et à  comprendre, matériel coloré et sympa, mécanismes fluides), Takenoko n'a pas emballé nos animateurs, qui ont terminé la partie plutôt sceptiques, en s'étonnant qu'il ait remporté l'As d'or.
Avant de quitter le salon, ils se sont encore frottés aux problèmes de chargement de Noé, un autre jeu de défausse riche en coups tordus. Ce nouvel opus cathalien, dans lequel il faut embarquer des animaux sur des arches en veillant à  ne pas surcharger celles-ci, ainsi qu'en respectant le caractère mixte ou non de ces embarcations, s'inscrit dans la lignée des créations de son auteur : le tout est d'être le plus malin dans un monde o๠il est impossible de tout contrôler. Amusant !
La soirée s'est poursuivie dans les méandres de la vieille ville, l'état de saturation ludique de nos héros (enfin, de trois d'entre eux) ne leur permettant plus de mettre les pieds dans un quelconque espace rempli de joueurs... ce qui ne les a pas empêchés d'accompagner leur crêpe du bon vieux Roll through the ages. Décidés à  passer un moment au festival off après le repas, ils ont bien vite battu en retraite devant la foule affairée autour des tables de la Rotonde (quelle différence par rapport à  la veille !) et le grand nombre de prototypes étalés dans tous les sens, qui avaient déjà  tous trouvé joueur. La fuite leur a semblé la solution la plus sage.

 


Samedi 18 février

 

Pendant que les trois « petits fusils » de la veille exploraient Cannes et ses environs, le Ch'piileur fou arpentait de nouveau les méandres du salon. Notre Ch'pallumé a d'ailleurs commis la grave erreur, en début d'après-midi, de sortir pour manger avec ses compères, qui avaient prévu de se rendre au salon après le repas : croyez-le ou non, aucun d'entre eux n'a pu rentrer dans le Palais des festivals une fois rassasié ! Il a fallu renoncer devant des portes closes, qui tentaient de contenir un public impatient mais apparemment trop nombreux.
Plutôt que de se lamenter sur cette grave erreur stratégique (vous aurez compris qu'il ne faut quitter le Festival que lorsqu'on n'est sà»r d'en avoir fini pour la journée), voyons ce que le Ch'piileur fou a découvert pendant sa matinée ludique :
- Descendance (Gigamic), un bon jeu de gestion pas trop lourd, aux mécanismes originaux, qui a trouvé sa place dans sa valise. Le but est de contribuer au développement d'une ville au fil des générations, chaque joueur dirigeant une famille dont les membres pourront apprendre différents métiers (moine, agriculteur, marchand, etc.), qu'ils exerceront avant de mourir et de, peut-être, trouver leur place dans les annales de la localité. Le tout est de savoir faire mourir la bonne personne au bon moment, en composant avec le temps que prend chaque action.
- Button up (Jactalea), un tout petit jeu à  deux très rapide et très calculatoire, qui pourrait devenir une drogue pour ceux qui aiment le genre.
- Kamon (Jactalea également) un jeu de placement à  deux assez intéressant, qui existait déjà  en ligne (la version plateau est d'ailleurs, malheureusement, un peu moins lisible que sa consÅ“ur virtuelle).
Trois tests seulement, donc, pour ce samedi 18 février, qui s'est conclu par une sieste pour les uns (et un début de Descendance pour les autres), puis par une virée au carnaval de Nice. Après un retour en train marqué par la fin du « Catane dés » commencé à  l'aller, nos braves animateurs ont retrouvé les bras de Morphée pour rêver de chars géants, de sucre d'orge et de délires ludiques. A propos de délires ludiques et soit dit en passant, l'une des rues de Nice, aux pavés hexagonaux, se prêterait fort bien à  l'organisation d'un « Colons » géant.

Dimanche 19 février
Forts de la leçon apprise la veille, nos représentants de Ch'piiL campaient devant les portes du Palais une demi-heure avant leur ouverture (alignant partie sur partie de « feuille-caillou-ciseau », « zig-zag-zoug » et autres trésors de leur enfance). Il faut dire qu'en ce dernier jour de salon, ils avaient du pain sur la planche : c'était le moment o๠jamais de satisfaire leurs derniers désirs de test et de dilapider leurs économies en emplettes diverses !
Manu et Gaà«l, qui n'avaient que très peu de temps avant de repartir pour la Suisse, ont surtout fait des achats. Quant à  Vincent et Solenne, qui devaient attendre 11 heures pour pouvoir tester Cité (Le Joueur), ils se sont arrêtés au stand de Filosofia devant les couleurs vives d'Uluru, un jeu de déduction et de rapidité dans lequel il faut placer des oiseaux d'une façon bien précise, en respectant les désirs des uns et des autres. Puis, ils ont décidé de passer le temps devant Dixit Jinx, qui ajoute à  son grand frère une composante de rapidité (on aime ou on n'aime pas), et devant Blue Lion (Jactalea), un petit jeu à  deux rapide et sympa dans lequel il faut réaliser certains alignements de cartes pour récolter des points de victoire, en s'assurant que l'adversaire ne puisse pas en faire autant. Vous aurez bientôt l'occasion de le découvrir dans nos soirées !
Après cela, nos deux derniers larrons (désormais définitivement abandonnés par les autres représentants de la secte du Ch'piiL) se sont dirigés vers le stand du Joueur, dans l'espoir de pouvoir enfin y essayer Cité. Le Sandwich géant, qui occupait le stand en début de matinée, n'était toujours pas terminé. En observant la fin de la partie, ils ont pu en comprendre le fonctionnement... et se sont demandé ce qui avait bien pu lui valoir d'être nominé pour l'As d'or, une opinion visiblement partagée par bon nombre de joueurs... mais là  n'est pas notre propos. Cité, en revanche, valait le détour. Fluide, assez original et comportant ce qu'il faut de négociations sans les coups fourrés qui peuvent les faire détester à  certains joueurs (que l'on ne citera pas), il donne envie de rejouer. Dans ce jeu, il s'agit de construire le plus grand quartier possible à  l'aide de ressources qui permettront d'acheter des terrains à  bâtir, chaque bâtiment rapportant quelque chose à  celui qui le possède (la position des bâtiments les uns par rapport aux autres permet de maximiser ce bénéfice).
Le salon n'aurait pu se conclure sans une halte prolongée au stand de Ludocortex, o๠il était possible de tester tous les nominés 2012. Nos deux animateurs en ont profité pour jouer à  Cubulus (Gigamic), un jeu de (dé)placement abstrait, suffisamment fluide et intéressant pour séduire les amateurs du genre, dans lequel il faut réaliser un carré de billes avant son adversaire. Après cela, ils ont laissé parler leur âme d'enfant devant Pirates, un très joli jeu de placement pour enfants, au matériel attrayant. Quant à  Rick le géant, l'As d'or « enfants », ils ont pu en admirer le fonctionnement en assistant à  une partie en cours, et souligner sa ressemblance avec Elfenland.
En toute fin d'après-midi, un Félinia abandonné sur le stand de Matagot leur a encore fait de l'Å“il (ils n'y avaient jamais joué), pour les décevoir assez rapidement par la lourdeur de certaines phases, assez regrettable dans un jeu de développement qui se veut léger.
Cette journée de tests s'est conclue par un Offrandes (Ludonaute), repéré un peu plus tôt lors de la conclusion d'un abonnement à  Platô. Dans ce jeu d'enchères extrêmement tordu, il faut sacrifier des animaux aux dieux à  l'aide de personnages (le paysan qui fournit les bêtes, la porteuse d'eau qui les purifie, etc.) qui deviendront de plus en plus compétents au fil de la partie. De belle illustrations et un matériel plaisant (les amateurs d'Agricola et les grands enfants (sadiques) adoreront les petits animaux à  sacrifier) renforcent le plaisir de jouer. En résumé, ce jeu a agréablement surpris nos animateurs, même si sa variante pour deux joueurs semble moins bien équilibrée que sa version de base. En plus, un entretien très agréable avec l'explicatrice (qui n'était autre que la femme de l'auteur) s'est conclu par le don de la boîte de démo au profit de Ch'piiL (merci Anne-Cécile !)
Encouragé par ce succès, Vincent a décidé d'aller voir chez Ludocortex s'ils n'avaient pas envie de solder leurs boîtes de démo, et a obtenu un Cubulus et un King of Tokyo à  moitié prix pour Ch'piiL (Takenoko était épuisé), ainsi que deux des jeux pour enfants pour la ludothèque de Renens. Belle pêche ! Les sacs lourds de jeux, nos deux animateurs sont rentrés à  l'hôtel le cÅ“ur et le cerveau contents.

 

 

Si Cannes présente un choix de jeux en général, et de nouveautés en particulier, bien moins riche que le salon d'Essen, il reste un Festival agréable à  visiter, offrant la possibilité de jouer sans devoir camper devant les tables ni se faire tout petit dans un coin de stand. Un seul regret peut-être, celui de n'avoir pas su profiter du festival off, véritable ruche dans laquelle il est difficile de s'orienter et de trouver quelque chose à  butiner, à  moins d'avoir fait des repérages et pris des dispositions dans la journée déjà .